Dans de nombreux domaines de la vie, les individus ne sont plus les seuls à donner le ton, car les machines le peuvent aussi désormais. Les appareils de navigation, les imprimantes, les aiguillages de chemins de fer et les réservoirs de mazout communiquent avec les ordinateurs. Mais, au final, l’humain garde le dernier mot.
Le système HD-Traffic, lequel vise à éviter aux automobilistes de se retrouver bloqués dans des bouchons, représente un exemple de la communication machine-to-machine (M2M). Ce projet pilote est le prototype d’une solution M2M utile et sophistiquée, qui permet d’économiser du temps et du carburant, tout en diminuant le stress, explique Olaf Schultze, porte-parole de Swisscom. Avec HD-Traffic, les téléphones mobiles des abonnés du géant bleu deviennent des indicateurs de trafic. Lorsque les appareils se meuvent rapidement d’une cellule mobile à l’autre, le trafic s’écoule de manière fluide. Mais, lorsque plusieurs téléphones portables s’agglutinent soudainement au même endroit, cela signifie qu’un bouchon paralyse la circulation.
L’information concernant ce bouchon est ensuite transmise via le réseau mobile aux appareils de navigation des véhicules, lesquels vont automatiquement rechercher un itinéraire alternatif. Le navigateur peut même évaluer le succès de sa solution de contournement et transmettre ensuite ces données, une nouvelle fois par l’entremise du réseau de téléphonie mobile, à son fabricant.
Communication autonome
La centrale va finalement venir alimenter tous les navigateurs avec ces nouvelles données collectées en temps réel, afin que ceux-ci puissent connaître le meilleur itinéraire. De manière classique dans les solutions M2M, les appareils et les serveurs du fabricant communiquent de manière autonome et peuvent ensuite prendre la « bonne décision ». L’humain n’intervient dans ce processus qu’à titre de surveillance, même si au final l’automobiliste décide finalement s’il préfère attendre dans le bouchon ou changer d’itinéraire.
Orange collabore pour sa part avec les transports publics de la Ville de Zurich (VBZ). Dans le cadre de cette coopération, les aiguillages du réseau de trams utilisent le réseau mobile pour transmettre des informations, par exemple sur le niveau de graissage. Dans l’autre sens, la centrale peut enclencher à distance et de manière ciblée le chauffage des aiguillages, chacun d’entre eux étant équipé d’une carte SIM et doté d’un numéro de téléphone.
Pour des raisons de sécurité, le choix de la direction d’un aiguillage ne s’effectue pas à partir de la centrale, mais depuis la cabine de pilotage des tramways. Les citernes équipées de systèmes M2M de la société morgienne Sensile Technologies peuvent surveiller le niveau de leur contenu. Plus de 30’000 réservoirs d’essence ou de mazout dans pas moins de 40 pays sont ainsi surveillés à distance et alertent la centrale lorsqu’ils doivent être à nouveau remplis. Selon Sensile, cette technologie permet de réduire le nombre de livraisons de 20%. Elle contribue à économiser 2,2 millions de kilomètres et l’émission de 2200 tonnes de CO2.
Compteurs intelligents
Les systèmes M2M présentent également des avantages écologiques dans le domaine du « smart metering », soit des compteurs intelligents. Ceux-ci transmettent en temps réel des informations permettant de mieux adapter l’offre et de délivrer du courant lorsqu’il est le meilleur marché. Au final, le compteur peut ainsi ordonner au lave-linge de s’enclencher à un moment précis. Cette technologie n’est pas encore très répandue en Suisse et se limite pour l’heure uniquement à la transmission de données d’utilisation.
Sony Ericsson fait la démonstration dans des vidéos issues de ses laboratoires de recherche de l’évolution future de la communication M2M. Dans l’une d’entre elles, cette technologie permet à un parapluie de rester informé des prévisions météorologiques et de se signaler à son propriétaire en cas de nécessité.
Pour décrire ces services complexes et personnalisés, les chercheurs parlent de « réseau social des choses » (Social Web Of Things). Selon une étude de Sony Ericsson, la planète devrait recenser en 2020 quelque 50 milliards d’appareils connectés. Parmi ceux-ci devraient figurer pas moins de 1,5 milliard de véhicules et 3 milliards de systèmes destinés à mesurer l’utilisation de courant, de gaz ou d’eau.
Les utilisateurs de PC n’ont d’ailleurs pas besoin d’attendre 2020 pour tester la communication M2M chez eux. En effet, la plupart des imprimantes sont équipées de capteurs qui transmettent le niveau d’encre ou de toner dans les cartouches. Ceux-ci peuvent même communiquer par Internet avec des fournisseurs. Ensuite, il suffit de quelques clics de souris pour passer commande.